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Blasphème : l’accusation criminelle d’un crime imaginaire.

Je suis contre le blasphème, tout contre comme aurait dit Sacha Guitry. Plus exactement je suis contre l’accusation de blasphème, ce crime imaginaire qui consisterait à insulter la divinité. En effet de deux choses l’une pour reprendre les hypothèses du pari de Pascal : soit Dieu, ou quelque chose d’approchant, existe et il est bien au-delà de cela (et de toutes façons les hommes n’ont pas à se faire juge à sa place), soit il n’existe pas, et on ne peut insulter ce qui n’est qu’un création de l’imagination humaine.

Pour cette raison je ne crois pas qu’il y ait non plus, à proprement parler, de « droit au blasphème » comme il y a un droit à l’IVG : comment affirmer un droit à quelque chose qui n’existe pas. Il en est du blasphème comme du racisme : il vise un objet inexistant, la race dans un cas, un divin assimilé à une personne humaine et relevant des rapports de droit dans l’autre. Mais si les races n’existent pas le racisme, i.e. la discrimination en fonction d’un critère de race, lui existe, et c’est la raison pour laquelle il ne faut enlever la référence à la notion de race dans la Constitution car on n’aurait plus une base juridique aussi puissante pour lutter contre le racisme.

De même si le blasphème n’existe pas, l’accusation de blasphème, elle, existe, avec les conséquences tragiques que l’on sait, comme on l’a vu avec l’exécution d’une partie de la rédaction de Charlie Hebdo ou du professeur Samuel Paty. C’est pourquoi je propose, plutôt que d’affirmer un droit au blasphème, d’incriminer l’accusation de blasphème, compte tenu des conséquences qu’elle peut avoir sur la sécurité des personnes. Ce qui permettrait de poursuivre ceux qui procèdent à ces accusations à proprement parler potentiellement homicides.

Paris, Croulebarbe, le 8 janvier 2025.

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