« Laissez les morts enterrer les morts » : c’est cet aphorisme évangélique qui m’est venu à l’esprit pour commenter la mort de Jean-Marie Le Pen dont les obsèques ont lieu ce jour à La Trinité sur mer.
Mort, Le Pen l’est politiquement depuis plus de dix ans, et, ironie de l’histoire, tel Brutus pour César, c’est sa fille qui l’a tué. Sa mort aurait donc due être traitée comme un non événement. Que la carcasse humaine dans laquelle s’incarnait l’idéologie mortifère du Front National se soit éteinte ne méritait pas qu’on manifestât une joie prématurée à cette occasion. Car elle est toujours vivante cette idéologie : telle le Phénix, elle renaît régulièrement des cendres du meurtre politique et parricide. Ceux qui voulait célébrer ce « non événement » aurait été mieux inspirés, plutôt que de trinquer à la mort de l’homme, d’organiser une minute de silence pour les victimes de la torture en Algérie, torture que le fondateur du parti d’extrême droite avait défendue et très probablement pratiquée. Ou pour les victimes des chambres à gaz, ce « point de détail de l’histoire de la deuxième guerre mondiale ».
Morte c’est ce qu’on voudrait souhaiter à l’idéologie ripolinée du Rassemblement national ». Une idéologie qui s’enracine dans cet héritage et dans les passions tristes. Morts, politiquement bien sûr, c’est ce qu’il faut souhaiter à ceux qui accompagnent aujourd’hui le « menhir » fascisant vers son dernier granit et qui sont déjà morts spirituellement. Laissons les dans notre silence méprisant enterrer leur mort.
Croulebarbe, le 11 janvier 2025
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