Dans une version adaptée la lettre hebdomadaire de Témoignage Chrétien a repris ma Lettre ouverte au pape François, à Emmanuel Macron, Sophia Aram, Jean-Luc Mélenchon, Yaël Braun-Pivet et tant d’autres. J’en reproduis le texte ici.
« Je suis toujours sur Twitter », affirmiez vous, Yaël Braun-Pivet, lors de l’émission « Questions politiques » sur France Inter dimanche 12 janvier. « Partir, c’est un peu capituler », ajoutiez-vous, Sophia Aram, dans votre chronique de la matinale de la même station le lendemain.
On peut vous comprendre, sauf que nous sommes confrontés à un vrai dilemme éthique, car, en restant sur X, nous contribuons à renforcer la puissance de ce réseau social et par voie de conséquence celle d’Elon Musk dans ses agressions contre nos démocraties.
On peut vous comprendre. X est devenu essentiel à la sphère politique et médiatique. C’est sur ce réseau que réagissent en temps réel aux événements et aux déclarations les chefs d’État, le nôtre – près de 10 millions d’abonnés, mais moins que Donald Trump, avec près de dix fois plus, ou Elon Musk, avec plus de vingt fois plus – ou celui du Vatican – un peu moins de 2 millions d’abonnés pour @Pontifex –, et les politiques de tous poils et de toutes tendances, avec en trio de tête Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et François Hollande.
Plus qu’au cours des débats télévisés, c’est sur ce réseau que se développent les disputes et les polémiques – ce qui contribue souvent à cette exacerbation qui fait tant de tort au débat démocratique –, comme encore récemment celle entre Sophia Aram et Aymeric Caron sur les massacres du 7-Octobre et dans la bande de Gaza, qui a enflammé la toile. Mieux que les dépêches AFP, c’est ce réseau qui permet la diffusion des infos – comme aussi des « infox » –, et les journalistes comme les politiques hésitent à se couper de cette source. Nombre d’institutions publiques s’y sont mises aussi pour pouvoir diffuser, de façon plus efficace qu’avec les communiqués de presse, leurs informations vers les médias. Il y a quelques jours encore la CAF a ainsi démenti efficacement une « fake news » prétendant que les aides au logement n’étaient plus versées qui circule sur les réseaux sociaux.
Sur tous ces sujets, X jouit aujourd’hui d’une situation de quasi-monopole planétaire. Mais, en y restant, nous l’entretenons, et avec elle la puissance de feu médiatique du couple infernal qui va diriger les États-Unis et aspire à diriger le monde. Quittons X donc et « allons twitter ailleurs », par exemple sur le réseau Bluesky, qui offre les mêmes fonctionnalités et sur lequel beaucoup ont fini par se réfugier, comme Marine Tondelier ou Aurore Lalucq, qui ont engagé le combat sans pour autant fermer leur compte sur X. Quittons X comme nous y invite le mouvement #HelloQuitteX et comme l’ont déjà fait le journal Ouest-France, le syndicat CFDT ou certaines institutions publiques comme l’APHP, et comme d’autres se sont engagés à le faire le 20 janvier, jour de l’investiture de Donald Trump.
Mais cela ne marchera que si nous le faisons tous, non seulement au nom de préoccupations éthiques, mais parce que c’est un acte de défense nationale et européenne.
Paru le jeudi 16 janvier 2025
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