Il faut toujours espérer, même quand on est lucide
L’assemblée générale de Démocratie & Spiritualité a été l’occasion d’un débat de fond sur notre posture face aux événements qui bouleversent le monde. Et ce en nous appuyant sur les travaux préparatoires à notre Université d’été sur « Un nouvel humanisme pour régénérer la démocratie » ainsi que ceux conduits avec le Forum 104 sur « Spiritualité(s) : archipel ou bien commun », nous proposons un « humanisme radical ».
Un nouvel humanisme, car il s’agit, en puisant aux diverses sources spirituelles et philosophiques qui se retrouvent au sein de Démocratie & Spiritualité, de refaire la Renaissance, comme le disait Emmanuel Mounier dans les années trente, de refaire les Lumières, de refaire « Les jours heureux », comme le voulaient « ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas » au sein du Conseil national de la Résistance, pour être à la mesure des enjeux d’aujourd’hui. Pour avec la lucidité nécessaire garder « des raisons d’espérer ».
Un humanisme qui oppose aux guerres de religion, aux dérives néfastes des religions auxquelles nous assistons, la tolérance et la laïcité, condition du partage interconvictionnel qui est un de nos principaux engagements. Une laïcité qui ne nie ni les religions ni les spiritualités et leurs apports positifs à la quête de spiritualité, mais vise à trouver un nouvel équilibre entre l’une et l’autre.
Un humanisme qui nous permette de renouer avec le long chemin d’humanisation de notre espèce. Un humanisme qui n’oppose pas l’homme à la nature mais qui l’invite au contraire à en être totalement partie prenante, à « dialoguer avec la terre ».
Un humanisme qui inspire notre vie intérieure, nous invite à maîtriser nos passions, notamment nos passions tristes, à éviter ce désir de puissance, d’hubris, qui guette chacune et chacun d’entre nous. Un humanisme qui fonde notre éthique de la responsabilité, en cohérence avec nos convictions.
Mais un humanisme radical aussi, car l’époque exige le retour à la racine anthropologique de notre « vivre ensemble » comme à la clarté des choix, personnels ou collectifs, pour lutter contre les radicalisations de tous ordres, politiques et religieuses notamment.
Radical, car l’époque invite à la radicalité de l’esperluette, la radicalité de la nuance qui s’oppose aux manichéismes et à la brutalisation des débats. La radicalité de la quête, toujours à recommencer, de la vérité, contre les vérités alternatives, la contestation des démarches scientifiques, ou le détournement des références morales ou spirituelles.
Radical car nous refusons de nous laisser entrainer dans le piège de la désignation d’un bouc émissaire (l’étranger, l’immigré, le juif, le musulman, etc…) pour nous réconcilier contre lui, de nous laisser entrainer dans une concurrence de tous contre tous, dans le darwinisme social qui en résulte, pour leur préférer l’autre loi de l’évolution, l’entraide, la coopération, la démocratie pour la gestion de tout ce qui pour les humains fait commun.
Un humanisme radical qui soit non seulement le moteur d’une espérance mais aussi une invitation à l’action, pour chacune et chacun d’entre nous sur les terrains qui sont les siens, conformément au quatrième engagement de notre charte, pour régénérer la démocratie en puisant dans ce que nos (res)sources spirituelles ont de meilleur.
Paris Croulebarbe, 5-10 avril 2025
Laisser un commentaire