C’est aujourd’hui la journée internationale des droits des femmes. Non pas la « fête de la femme », comme il y a depuis Philippe Pétain, une fête des mères, et maintenant, une fête des grands mères. Mais une journée internationale pour rappeler ce combat pour l’émancipation de la moitié de l’humanité et pour l’égalité des droits entre femmes et hommes.
Au vu des progrès qui ont été faits au cours des dernières décennies, je dois avouer que j’ai d’abord été surpris, ce matin, en entendant le mouvement de grève lancée par des féministes, pour que cette égalité soit enfin respectée.
Et puis, je me suis souvenu que le combat pour l’émancipation des travailleurs a fait du 1er mai un jour de grèves et de manifestations, devenu depuis 1919 un jour férié et chômé. Cette lutte se poursuit, et elle ne sera probablement jamais achevée, mais le 1er mai nous en rappelle chaque année l’utopie mobilisatrice et les progrès qui restent à faire.
Pourquoi ne pas en faire autant pour le 8 mars, jour symbolique du combat pour l’émancipation des femmes, pour nous en rappeler les exigences et l’utopie mobilisatrice également, et aussi les combats qui restent à mener ? Pourquoi ne pas en faire également un jour férié et chômé -comme l’est aujourd’hui le 1er mai et comme je l’ai proposé l’été dernier– en remplaçant le 15 août, fête catholique instituée par l’empereur le jour de la saint Napoléon (comme le 1er mai tombait le jour de la saint Philippe), et supposée célébrer une femme, Marie, mais en en donnant une image qui n’est guère émancipatrice et dont les dérives mariolatriques n’ont de sens que pour une minorité de catholiques (et n’en ont pas pour l’immense majorité de nos concitoyens).
Dans la tradition spirituelle qui est la mienne, la femme et l’homme sont égaux dans l’image qu’ils renvoient du divin (ou pour moi aujourd’hui de l’humanité). « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » (Genèse, 1.27). Bien sûr, ce n’est pas cette version de la Genèse que l’on m’a enseignée au catéchisme, mais celle, illustration à l’appui, où la femme, Eve, est créée à partir d’une côte d’Adam. Mais cette relecture de la tradition biblique rejoint le combat des femmes qui luttent pour l’égalité au sein de l’Église catholique, comme le Comité de la jupe. Rien n’interdirait, outre sa signification d’abord politique et sociale, de donner à cette journée du 8 mars, et pour ceux qui le souhaitent, une dimension spirituelle, occasion de méditation sur les deux visages du mystère de l’humanité ; voire même une dimension religieuse, en donnant aux croyants et aux pratiquants l’occasion de célébrer autrement la figure de Marie, figure qui est d’ailleurs commune aux chrétiens et aux musulmans. L’Église catholique n’a-t-elle pas fait du 1er mai l’occasion de célébrer Joseph, le charpentier, son compagnon !
Paris, Croulebarbe, le 8 mars 2021.
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