Dix ans après un exercice de prospective à dix ans, avec Prospective 2015, la branche famille a engagé un nouvel exercice du même type qui s’est prolongé en 2016 par une réflexion stratégique visant à préparer la négociation de la future COG (celle qui succédera à celle qui s’est terminée avec l’année 2017, … et avec mon départ). Avec cette prospective des politiques familiales, qu’il est intéressant de comparer avec la précédente, j’ai voulu éclairer la définition d’une stratégie pour cette grande institution publique et inscrire la négociation de la COG dans une vision de l’avenir.
L’avenir de la branche Famille s’écrit aujourd’hui
« Gouverner, c’est prévoir ». Cet aphorisme d’Émile de Girardin – qui ajoutait « ne rien prévoir, c’est courir à sa perte » – souligne la nécessité pour toute organisation de se projeter à moyen et long termes, en essayant d’anticiper comment son identité et ses fonctions peuvent évoluer en lien avec le contexte social, économique ou politique. Entreprendre cette démarche régulièrement relève de la bonne gouvernance.
« Gouverner, c’est prévoir ». La prospective répond à ce besoin stratégique d’éclairer l’avenir, pour les entreprises comme pour les institutions publiques, et s’appuie sur une méthode établie. À partir d’un diagnostic des différentes composantes d’une organisation et de son environnement, elle procède par scénarios. Ces derniers ne reposent pas que sur une évolution tendancielle ou une prolongation moyenne des tendances les plus évidentes, mais soulignent les « signaux faibles » annonciateurs de transformations voire de bouleversements ou de ruptures, qu’ils soient techniques ou de tout autre nature. La prospective est l’art d’envisager les futurs, mais aussi d’anticiper les ruptures possibles, d’évaluer leur probabilité et leurs effets potentiels.
« Et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte ». Comprendre l’environnement et analyser de manière fiable les forces et faiblesses d’un organisme de sécurité sociale découle d’un exercice salutaire de réflexion collective. Cela permet d’éprouver les diagnostics et scénarios proposés, de s’extraire des considérations purement techniques pour se placer au niveau sociétal et politique. C’est essentiel, car la gestion des politiques familiales et sociales relève trop souvent d’une démarche incrémentale, et la sédimentation des dispositifs peut finir par faire perdre de vue le sens, les finalités et la cohérence de l’action voire masquer l’inadéquation croissante de ces politiques aux questions à résoudre.
Soucieuse d’éviter ces écueils, la branche Famille de la Sécurité sociale a, comme elle l’avait fait il y a dix ans, mené en 2015 une réflexion prospective approfondie sur son environnement et son organisation. Au-delà des incertitudes et des difficultés, et donc des risques, l’avenir est aussi porteur de nombreuses opportunités. A l’image de la langue d’Ésope, « la transition fulgurante » qu’induit la révolution numérique, peut être « la pire ou la meilleure des choses ». En préparant, à l’avenir, dans une perspective d’investissement social, la branche Famille veut contribuer à en faire la meilleure.
https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2016-2.htm
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