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A l’attention des ministres de l’intérieur et de la santé : une minute ça parait long quand on appelle le 15

« Le Samu est de plus en plus sollicité et répond un peu moins vite, selon une étude de la Drees » titrait hier France Info. En effet en 2022, dernière année analysée par le service statistique du ministère de la santé, le 15 a répondu à 88% des appels au Samu, dont 80% en moins d’une minute (sur la période 2018-2021, les performances étaient supérieures, avec 89% d’appels décrochés et 84% décrochés en moins d’une minute). C’est long une minute quand on fait face à ce qu’on ressent comme une urgence et pour des services moins vitaux (comme ceux des Caf par exemple) on considère que le minimum minimorum en terme de taux de décroché est de 90%.

C’était pour éviter cela qu’avec des collègues des Inspections générales des affaires sociales (Igas) et de l’administration (IGA), nous avions proposé en 2018, pour fusionner les numéros d’urgence (15, 17 et 18 notamment) dans le 112, de mettre en place des plateformes téléphoniques de débruitage (gestion des appels ne relevant pas réellement de l’urgence) et d’orientation vers les services de santé, de sécurité civile (pompiers) ou de police et de gendarmerie. Un tel dispositif inspiré de ce qui a été mis en place par la Brigade des sapeurs pompiers de Paris (hélas sans la participation du Samu) ainsi que dans d’autres pays européens, permet un décroché rapide (quasi immédiat) et une bonne orientation vers le service compétent tout en respectant l’organisation propre à chacun d’entre eux.  Cela permettrait aussi d’éviter l’errance entre les urgences comme on l’a vu avec le cas dramatique de Naomi Musenga, la même année à Strasbourg.

Cette solution avait été à l’époque refusée par la Fédération nationale des sapeurs pompiers qui lui préférait la généralisation de plateformes départementales communes. Le rapport a été remis au gouvernement au moment où le mouvement des gilets jaunes commençait et, bien qu’il fasse suite à des déclarations du président de la République Emmanuel Macron relayées par le ministre de l’intérieur de l’époque, le regretté Gérard Collomb, il a non seulement été enterré mais n’a même jamais publié.

Je ne pense évidemment pas que la solution  que nous avions élaborée aurait réglé le problème des urgences, mais je suis sûr que cela aurait au moins évité que les appelants se trouvent sans réponse téléphonique ou avec des délais d’attente insupportables et réduit aussi l’engorgement du 15.

Si j’écris aujourd’hui c’est que, le rapport ayant, contre toute déontologie, fuité dans une version presqu’achevée (a priori à l’initiative d’opposants à la solution) et étant donc accessible, et que n’étant pour ma part plus soumis à l’obligation de réserve, je crois qu’il serait utile de reprendre ce projet de numéro unique, qui certes ne réglera pas tout, mais permettrait au moins d’améliorer l’efficacité du recours aux différents services d’urgence.

Paris, Croulebarbe, le 22 janvier 2025

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