« Pas d’abus, pas d’appel d’air, l’AME est un dispositif utile » : telle est semble-t-il la conclusion du rapport sur l’aide médicale d’Etat (AME) demandée par Elisabeth Borne à Claude Evin et à Patrick Stefanini. Cela n’étonnera guère les connaisseurs du sujet : contrairement aux idées reçues et aux fantasmes de cette droite qu’on peine parfois à qualifier de républicaine, les abus au recours à l’AME sont rares, elle ne crée pas un appel d’air pour l’immigration, et elle est nécessaire y compris et notamment pour des raisons de santé publique.
Cela ne sera probablement pas suffisant pour convaincre les autoproclamés parlementaires « Les Républicains », qui veulent la transformer en une aide médicale d’urgence, « limitant la prise en charge des personnes en situation irrégulière aux urgences vitales uniquement ». Proposition soutenue par 71% de nos concitoyens si l’on en croit les résultats du sondage réalisé par Opinion Way pour Le Parisien de ce jour.
Le poison des fantasmes apataphobique[1] de la droite a donc percolé dans une opinion toujours à la recherche de boucs émissaires. Le problème c’est que définir l’urgence vitale pour un juriste ou pour un médecin c’est comme définir le temps pour Augustin d’Hippone « Si personne ne m’interroge, je le sais ; si je veux répondre à cette demande, je l’ignore ».
Va-t-on alors attendre que les malades en situation irrégulière soient à l’article de la mort pour se rendre aux urgences et être soignés ? Un comble de surcroît quand on connaît la crise que traversent aujourd’hui ces services.
Rouen, le 5 novembre – Paris le 6 novembre
[1] Néologisme formé à partir de Apátê (ἀπάτη) dans la mythologie grecque, déesse de la duperie, de la perfidie, de la fraude, de la déception, de la tromperie et de la malhonnêteté et de phóbos (φόβος).
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