La crise des gilets jaunes m’a au moins permis de découvrir deux nouveaux mots que je ne connaissait pas : l’ochlocratie, le pouvoir de la foule, et l’épistémocratie, le pouvoir des experts, ce que Saint-Simon appelait « le gouvernement des savants ».
Quitte à passer pour un cuistre, j’en suis content, car il s’agit de deux dérives potentielles de la démocratie qui, poussée à l’extrême, peuvent la vider de son sens :
- d’un côté la démocratie est bien sûr le « pouvoir du peuple », comme le dit très bien notre Constitution (« gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple »), mais « le peuple » est une notion complexe, qui ne s’identifie pas à la foule, sauf à dériver vers le populisme ;
- de l’autre l’expérience a montré que la définition et la mise en œuvre des politiques publiques nécessitait la rationalité et l’intégration de l’état des connaissances (c’était déjà la conception de la démocratie de Condorcet), mais cela ne doit pas conduire à vider la démocratie de son sens en la transformant dans une technocratie légitimée par ses seules compétences.
La démocratie nécessite maintenir une tension dialectique, ou plus précisément, comme dirait Edgar Morin, « dialogique » entre ces deux tendances : c’est le sens de la proposition de réforme du Cese, que j’ai faite sur ce blogue.
Paris, le 12 janvier 2018
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