Je détourne à nouveau ce titre d’un ouvrage d’Yves Lacoste pour réagir à l’idée, portée par certains parlementaires, d’assimiler antisionisme et antisémitisme. Une très mauvaise idée, une grave erreur même.
Le sionisme est une doctrine politique, revendiquée comme telle, avec laquelle on peut, ou non, être d’accord, et dont on ne peut ignorer certaines dérives dans l’Israël de Netanyahou où elle conduit à la mise en place d’un régime de quasi apartheid, en distinguant deux catégories de citoyens. Pour ma part je ne suis pas antisioniste, dans la mesure où je ne milite pas pour la disparition de l’Etat d’Israel, mais je souhaite pouvoir continuer à dénoncer les dérives du sionisme, notamment dans les terriroires occupés (et cela fait partie du débat démocratique que de pouvoir échanger sur des conceptions différentes sur le sujet), sans être pourtant qualifié d’antisémite.
L’antisémitisme est une des formes les plus horribles du racisme, dans la mesure où il projette sur la figure du juif tous les fantasmes de la haine de l’autre, comme de l’intolérance religieuse (et c’est pour cela qu’il est contraire aussi au principe de laïcité). Il a de multiples sources historiques, notamment dans le christianisme, et pour tout dire dans le catholicisme qui a mis longtemps à supprimer de ses textes les traces de cet antisémitisme, et il a conduit à cette monstruosité qu’a été la Shoa. Il est essentiel que l’antisémitisme au regard de cette expérience historique soit pénalement réprimé, comme le racisme en général, car c’est un appel à la haine de l’autre, en raison de son origine ethnique, de sa religion, ou de toute autre raison.
Mais ce n’est pas parce que l’antisémitisme se cache derrière l’antisionisme, comme cela était le cas dans les attaques contre Alain Finkielkraut samedi dernier, ou comme cela a été le cas avec le pouvoir stalinien en Union soviétique, ce que rappelait fort opportunément Annette Wievorka sur France Inter ce matin, qu’il faut assimiler l’un à l’autre. Ce serait la même chose que de confondre, au grand bonheur du CCIF, la lutte contre l’islamisme, qui est comme le sionisme, une doctrine politique à laquelle je suis pour ma part profondément opposé, avec la haine de l’islam, autrement dit l’islamophobie, qui est aussi une forme de racisme déguisé contre ceux qu’on appelle en France les arabes.
Je souhaite pouvoir continuer à lutter contre l’islamisme, qui est aujourd’hui une des sources de l’antisémitisme, comme contre certaines dérives du sionisme, sans être pour autant être considéré ni comme antisémite, ni comme islamophobe.
Paris, le 19 février 2019
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