« Il y a des jours où l’on est fier d’avoir été pompier de Paris ». C’est le message que j’ai adressé au général Jean-Claude Gallet pour le féliciter pour l’intervention de la Brigade, la BSPP, pour sauver Notre Dame. « Sauver ou périr », telle est la devise des pompiers de Paris où j’ai fait mon service national, qu’à l’époque on appelait militaire (les pompiers de Paris, comme les marins-pompiers de Marseille sont des militaires), en 1978-1979 ; pas en centre de secours – j’avais été recruté par la Brigade pour développer le système de remontées statistiques, au Bureau d’études générales, les intellos de la Brigade, commandé à l’époque par le commandant Pinel, et ma condition physique ne me le permettait pas – mais j’y ai fait, comme tout pompier, « mes classes » et c’est grâce à eux que j’ai pu enfin vaincre mon asthme et courir de longues distances en maîtrisant mon souffle. De cela, et de quelques autres choses, je leur suis reconnaissant, et c’est pour cela que j’ai voulu, pour le prochain Témoignage Chrétien où il sera publié, leur adresser ce coup de cœur.
Sauver ou périr
« Retour de flammes », dans un remarquable ouvrage de sociologie compréhensive hélas passé un peu inaperçu, Romain Pudal qui a fait son service à la BSPP (Brigade des sapeurs pompiers de Paris) décrit bien l’objectif de la formation des pompiers : « Cette institution s’emploie (…) à façonner les âmes tout autant que les corps et la conversion à ces valeurs tient parfois de l’ascèse spirituelle, comme il y a une ascèse physique, les deux étant en fait indissociables. »
« Des héros fatigués ? » s’interroge-t-il dans le titre ; à l’évidence, et malgré les week-end de manifestations dont il n’ont pas été préservé des violences, il ne le sont pas tant que ça, comme on a pu le constater par leur intervention à Notre Dame. Professionnalisme et engagement, c’est à ces deux qualités que l’on doit le fait que la cathédrale n’ait pas été totalement détruite.
Professionnalisme, l’expertise des pompiers est une expertise spécifique, qui, comme toute expertise va à l’encontre des idées reçues, ces idées simples qui alimentent les brèves de comptoirs comme les tweets de Donald Trump : ainsi de l’idée d’envoyer des canadairs bombarder d’eau l’édifice en feu, qui très certainement, à supposer qu’il y en ait à proximité, l’auraient éteint, mais surtout détruit sous leurs bombes. Une fois l’incendie éteint on constate en général que l’eau utilisée pour cela a fait plus de dégâts que le feu lui même, et c’était un choix judicieux que de faire « la part du feu » pour sauver l’essentiel. Comme d’attaquer le feu de l’intérieur pour le refroidir ou de protéger les tours qui menaçaient de tomber.
Mais cela exigeait des prises de risques importants qui témoignent de l’engagement des hommes et des femmes (car il y a aujourd’hui des femmes chez les pompiers de Paris), de ces « soldats du feu » qui font la brigade. Engagement pour sauver non des personnes, cette fois-ci, mais pour sauver un symbole national, au risque de leur vie pour ceux qui sont allés à l’intérieur ou sur les tours. « Altruisme, efficience, discrétion », des trois mots du triptyque gravé sur le mur principal du fort de Villeneuve Saint Georges où se fait la formation des pompiers, le premier est peut-être le plus important. Altruisme au service de tous au quotidien, au service de la nation dans ces occasions exceptionnelles et dramatiques, au services de la solidarité internationale quand les catastrophes atteignent d’autres pays, au service de la République toujours. Même si la brigade a été créée par le consul Bonaparte, les pompiers de Paris sont, comme l’illustre les bals organisés le 14 juillet dans tous les quartiers, une belle institution républicaine.
Paris, le 19 avril 2019
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