Dans spn numéro du 25 avril, Témoignage Chrétien a repris sous ce même titre le papier publié ici pour saluer l’exploit des Pompiers de Paris face à l’incendie qui a failli détruire totalement Notre Dame de Paris.
Sauver ou périr
Les pompiers de Paris se portent quotidiennement au secours des personnes en danger, et, dans la lumière obscure de l’incendie qui a failli la ravager, ont sauvé Notre-Dame de la destruction, parfois au péril de leur vie. « Sauver ou périr », telle est leur devise ; fort heureusement les quatre cents pompiers, malgré la violence de la lutte, sont rentrés au complet dans leurs centres, leur mission accomplie.
Dans un remarquable ouvrage d’ethnologie compréhensive, Retour de flammes (Éditions La Découverte), le sociologue Romain Pudal décrit bien l’objectif de la formation des pompiers : « Cette institution s’emploie […] à façonner les âmes tout autant que les corps et la conversion à ces valeurs tient parfois de l’ascèse spirituelle, comme il y a une ascèse physique, les deux étant en fait indissociables. » « Des héros fatigués ? » s’interroge-t-il dans le sous-titre de l’ouvrage ; à l’évidence, et malgré les week-ends de manifestation au cours desquels ils ne sont guère épargnés, ils ne le sont pas tant que ça… C’est grâce à leur professionnalisme et à leur engagement que la cathédrale n’a pas été totalement détruite et que l’essentiel de l’édifice a été préservé.
Professionnalisme : comme toutes les expertises, celle des pompiers est spécifique et va à l’encontre des idées reçues, ces idées simples qui alimentent les brèves de comptoirs comme les tweets de Donald Trump : ainsi de l’idée d’envoyer des canadairs bombarder d’eau l’édifice en feu, ce qui, à supposer qu’il y en ait eu à proximité de Paris, aurait peut-être aidé à venir à bout de l’incendie plus tôt, mais surtout aurait détruit la cathédrale ! Une fois les foyers éteints, on constate en général que l’eau utilisée a fait plus de dégâts que le feu lui-même, et c’était un choix judicieux que de faire « la part du feu » pour sauver l’essentiel. Comme d’attaquer le feu de l’intérieur pour le refroidir ou de protéger les tours qui menaçaient de tomber.
Mais cela exigeait des prises de risques importantes, qui témoignent de l’engagement des hommes et des femmes, de ces « soldats du feu », qui font la brigade. Engagement pour sauver non des personnes, cette fois-ci, mais pour un symbole national, au risque de leur vie pour ceux qui sont allés à l’intérieur ou sur les tours.
« Altruisme, efficience, discrétion », des trois mots du triptyque gravé sur le mur principal du fort de Villeneuve-Saint-Georges, où se fait la formation des pompiers, le premier est peut-être le plus important. Altruisme au service de tous au quotidien, au service de la nation dans ces occasions exceptionnelles et dramatiques, au service de la solidarité internationale quand les catastrophes atteignent d’autres pays, au service de la République toujours. Même si la brigade a été créée par l’empereur Napoléon, les pompiers de Paris sont, comme l’illustrent les bals organisés le 14 Juillet dans tous les quartiers, une belle institution républicaine.
Paris, le 25 avil 2019
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