« Il faut que tout change pour que rien ne change » On ose espérer que l’immolation à retardement de l’Ena sur l’autel des ronds-point n’est pas inspirée d’un Tancrède soucieux de préserver les privilèges de sa caste en en sacrifiant les attributs symboliques.
Quelle triste fin au demeurant que cet assassinat symbolique d’une belle idée républicaine, d’un siècle antérieure à sa concrétisation par Michel Debré en 1945 ; une idée d’abord victime de la même dérive nobiliaire qui a transformé certains généraux de la Révolution en maréchaux d’Empire.
Espérons que le changement de nom -qui pour moi n’était pas nécessaire et n’a probablement d’autres motivations que démagogiques-, permettra au moins de refonder la pédagogie de cette école destinée à former, non des hauts fonctionnaires, mais des dirigeants dévoués de l’administration et du service public, en permettant de le devenir à tous ceux qui en ont la vocation et les capacités ; comme le proclame d’ailleurs l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyens. C’est ce que, sous le pseudonyme collectif de Prométhée la grande majorité de la promotion Jean Monnet avait, à l’initiative d’un petit groupe d’élèves dont je m’honore d’avoir fait partie, souhaité il y a trente ans.
En relisant ces textes, je suis surpris de voir à quel point, hélas, ils n’ont rien perdu de leur actualité.
Paris, le 8 avril 2021
Addendum
En écrivant ces lignes, je n’avais plus en tête que nous avions eu, quatorze ans après, d’illustres successeurs avec la célèbre promotion « Léopold Sédar Senghor » qui s’était elle aussi fendue d’un rapport, davantage trempé dans le vitriol que le nôtre, semble-t-il (il n’est pas accessible en ligne) et avait de surcroît fait annuler le classement de sortie (sans que cela n’ait toutefois de conséquence sur l’affectation).
Paris, le 10 avril 2021
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