Répondant à une question du Journal du dimanche de ce jour sur l’avenir de l’Observatoire de la laïcité, la ministre chargée de la citoyenneté, Marlène Schiappa, a annoncé que le gouvernement avait besoin d’« une administration solide sur la laïcité ». On peut certes avoir des points de vue différents sur l’action qu’a conduite l’Observatoire de la laïcité pendant huit ans, même si certaines critiques relèvent davantage du procès en sorcellerie que de l’évaluation contradictoire de son bilan. Mais on peut surtout être surpris que l’on envisage de remplacer cette structure placée auprès du Premier ministre par une administration, fut-elle « solide ».
La Constitution dans son article premier définit la France comme « une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Il n’y a pas pour autant d’administration de l’indivisibilité, ni de la démocratie ; et cela fait belle lurette qu’il n’y a plus de bureau du travail au ministère du commerce et de l’industrie et de bureau de la mutualité au ministère de l’intérieur, mais un ensemble d’institutions qui font bien plus qu’administrer le social.
Pour ce qui est de la laïcité, il y a déjà au ministère de l’Intérieur, et c’est nécessaire pour appliquer la police (administrative) des cultes prévue par la loi de 1905, un bureau des cultes. Mais à part ce sujet, la laïcité a moins à être administrée, qu’à inspirer non seulement l’ensemble des politiques publiques (et de ce point de vue le rattachement de l’Observatoire au Premier ministre était pertinent), mais aussi l’ensemble du « vivre ensemble » républicain, ce qui ne relève pas uniquement de l’exécutif.
Il ne faudrait pas ramener la question de la laïcité à une simple question de territoire administratif au sein de l’exécutif.
Paris, Croulebarbe, le 18 avril 2021.
Laisser un commentaire