Le gouvernement a décidé de remplacer l’Observatoire de la laïcité par un comité interministériel de la laïcité. Dont acte.
Je n’ai pas toujours été d’accord avec les positions de l’Observatoire, et surtout avec celles de certains de ses défenseurs et épigones qu’une conception dite « ouverte » de la laïcité a conduit à abandonner l’idée qu’elle est aussi une exigence pour les religions, et, au passage, à sous estimer les dangers liés au développement de l’islamisme. Pour autant, je n’ai pas aimé le procès en sorcellerie qui lui a été fait, et qui relève d’une hystérisation des débats, mortifère, y compris pour la laïcité elle-même. Je veux donc d’abord saluer son action, en particulier la coopération que nous avons eue pour mettre en place la Charte de la laïcité de la Branche famille et de ses partenaires.
Que le gouvernement mette en place, plutôt qu’une « administration solide », un comité interministériel rattaché au Premier ministre pour lui succéder va dans le bon sens, et devrait permettre, comme l’indique le communiqué du gouvernement, « de donner une dimension plus opérationnelle à l’action publique dans le champ de la laïcité (en reprenant) les missions que l’observatoire de la laïcité assurait en la matière ». On peut en revanche s’inquiéter du rattachement de son secrétariat au ministère de l’Intérieur, au risque de renforcer l’image punitive de la laïcité, comme si elle n’était qu’une question d’ordre public, alors qu’elle doit « inspirer (…) l’ensemble des politiques publiques », comme nous le souhaitions avec Démocratie & Spiritualité dans notre appel pour une laïcité de paix. Pourquoi ne pas avoir créé un poste de délégué interministériel chargé d’animer ce comité ?
Surtout, la mise en place de ce comité interministériel ne règle qu’une partie de la gestion de l’héritage de l’Observatoire. Ce n’est pas un comité interministériel qui pourra à lui seul faire de la laïcité un moyen de renforcer le « vivre ensemble » républicain, en tranchant au quotidien les dilemmes difficiles qui résultent de la cohabitation dans notre société sécularisée de différentes convictions religieuses qui ont le droit de s’exprimer dans l’espace public, dès lors qu’elles ne cherchent pas à imposer leur imperium sur les consciences. Exercice de discernement souvent délicat et qui ne peut relever ni de l’exécutif, ni du pouvoir législatif et pour lequel l’intervention du juge est nécessairement tardive. Notre demande de mise en place d’une Autorité indépendante chargée de la laïcité, à l’image, dans leurs domaines, du Défenseur des droits, de la Cnil ou de la Haute autorité de santé garde donc toute son actualité. J’invite donc les lecteurs de ce blogue à s’y associer.
https://www.wesign.it/fr/droitshumains/appel-a-la-creation-dune-autorite-independante-sur-la-laicite#
Paris, Croulebarbe, le 5 juin 2021
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