Communiqué de victoire de Bruno Lemaire, ce matin sur France Inter : la croissance est de retour. Il a raison : le pari du passe sanitaire, finalement plébiscité malgré des oppositions aussi radicales que minoritaires, a redonné confiance aux ménages et la consommation reprend, à un rythme inespéré, alimentant une croissance évidemment favorable à l’emploi.
La croissance, mais quelle croissance ? Interrogé sur les profits des entreprises du CAC 40, le ministre de l’économie, des finances et de la relance se félicite des performances des fleurons de l’économie française que sont Total, Louis Vuitton ou Airbus, autrement dit l’énergie (pétrolière), le luxe (alimenté par les inégalités) et les transports (aériens). Bien sûr aucune réflexion, et d’ailleurs aucune question de Nicolas Demorand ou de Léa Salamé, sur la contradiction entre ce mode de croissance et les exigences que devraient porter pour les politiques publiques les récentes conclusions du rapport du Giec, comme pourtant l’avait fait remarquer une demi-heure auparavant l’excellent édito de Thomas Legrand sur les enjeux des présidentielles.
Retour de la croissance certes, mais celle du monde d’avant ; même pas une croissance verte, mais celle qui fait courir l’humanité à sa perte, qui a rendu à nouveau plus précoce cette année le jour du dépassement, et qui a probablement contribué à cette pandémie inédite. Comme disait Chirac, meilleur prophète que président : « La planète brûle et nous regardons ailleurs ». Au pays des aveugles, les myopes sont … ministres de l’économie.
Paris, Croulebarbe, lundi 30 août 2021.
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