Agnostique chrétien, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire ici, cela fait longtemps que je m’interroge sur cette phrase du discours sur la montagne : « Vous avez appris qu’on a dit : “Œil pour œil et dent pour dent.” Mais moi, je vous dis : si quelqu’un vous fait du mal, ne vous vengez pas. Au contraire, si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends lui aussi l’autre joue. »
Je ne sais pas s’il est possible, au nom de cette « éthique du Sermon sur la montagne » de toujours opposer la non-violence à la violence, mais ce qui se passe dans la bande de Gaza montre que l’application de la loi du Talion telle qu’elle est reprise dans la Torah (« Ton œil sera sans pitié : vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied. ») de très anciennes législations babyloniennes – d’ailleurs quasiment reprise mot pour mot dans le Coran (« Âme pour âme, œil pour œil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent, le talion pour les blessures. »)- et qui visait elle-même à canaliser la violence et à éviter sa surenchère sans fin et la montée aux extrêmes, conduit à une impasse autant éthique que politique.
On peut comprendre qu’Israël veuille réagir aux crimes terroristes du Hamas que les violences commises par l’Etat juif à l’égard des palestiniens ne sauraient en aucun cas justifier. Mais cela ne justifie pas qu’il se livre lui-même à des crimes de guerre. Et si cet argument éthique ne suffisait pas, la montée aux extrêmes à laquelle conduit l’application de la loi du Talion, et que cherchait d’ailleurs le Hamas, conduit elle-même à une impasse politique pour le règlement de cette lancinante question israélo-palestinienne. Comme quoi l’éthique de conviction, telle que formulée par le prophète galiléen, peut aussi inspirer l’éthique de responsabilité dans la gestion des relations internationales.
Paris, Croulebarbe, le 11 octobre 2023
Laisser un commentaire