Même le Crif estime que célébrer la fête juive de Hanouka à l’Elysée était « une erreur ».
Pourtant il parait, selon Elizabeth Borne, que c’était un « signal » de « soutien » du Président de la République face à « la montée de l’antisémitisme ». Mais si c’est cela, que n’a-t-il participé à la marche contre l’antisémitisme à laquelle avaient appelé le Président du Sénat et la Présidente de l’Assemblée nationale ? Célébrer un culte c’est introduire une confusion entre les deux sens du mot juif, l’ethnie, que vise l’antisémitisme, et la religion.
Et s’il s’agissait de montrer que les personnes de confession juive ont toute leur place dans la communauté nationale, pourquoi ne s’est-il pas rendu dans une synagogue pour célébrer avec elles la fête du « miracle de l’huile » ? Comme il l’avait fait en assistant à Marseille à la messe célébrée par le Pape. Et comme on aimerait qu’il le fasse en allant, pour une occasion importante, partager la prière des musulmans dans une mosquée. Dans les trois cas, ce n’est en aucun cas contraire aux principes de la laïcité dès lors qu’il ne participe pas au culte en tant que croyant (comme le faisait le Général de Gaulle qui, pourtant catholique, ne communiait pas quand il assistait à une messe en tant que Président de la République).
Ce n’est à l’évidence pas la cas en accueillant dans le palais présidentiel une cérémonie religieuse, car si « la République (…) garantit le libre exercice des cultes » elle n’en « reconnaît » aucun. On voit bien la conception mouvante de la laïcité d’Emmanuel Macron depuis le début de son premier quinquennat et qui l’a amené louvoyer entre une « laïcité ouverte » à la Sarkozy, surtout quand elle vise le catholicisme (et, dans le cas, d’espèce le judaïsme ») et une « laïcité de combat », avec Darmanin, et, auparavant, Blanquer et Schiappa, surtout quand elle vise l’islam.
La laïcité n’est tenable que si elle est la même pour tous.
Paris, Fondation Jean Jaurès, le 9 décembre, Journée de la laïcité, Croulebarbe, le 10 décembre 2023
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