Glané dans Le Point : « Projet de loi immigration : ce que l’on sait des termes de l’accord entre la droite et le gouvernement »
« Une mesure continue d’alimenter de vifs débats : la question des prestations sociales versées aux étrangers en situation régulière. Le texte du Sénat prévoit de leur imposer de devoir justifier de cinq ans de résidence pour bénéficier d’allocations comme l’aide personnalisée au logement (APL) ou les allocations familiales, contre six mois actuellement. Une piste de compromis serait de réduire cette durée à trois ans pour les étrangers qui travaillent. »
Je crois que j’avais encore été plus choqué par cette disposition adoptée, de façon un peu inaperçue, par la majorité sénatoriale que par celle conduisant à remplacer par une aide médicale d’urgence l’aide médicale d’Etat : d’un côté soumettre à une condition de résidence de cinq ans le bénéfice des prestations familiales est une remise en cause profonde du principe d’universalité de la Sécurité sociale au nom du principe de « préférence nationale » ; de l’autre on voit bien que le volet « intégration » du projet de loi a été largement abandonné, car comment favoriser l’intégration des familles d’origine étrangère s’il leur faut attendre cinq ans (ou même trois ans) pour qu’elles puissent bénéficier de ces prestations qui permettent justement de contribuer à cet objectif ?
Que cette disposition scandaleuse puisse être envisagée m’évoque deux réflexions :
- Il n’est pas nécessaire que le Rassemblement national soit majoritaire au sein de la commission mixte paritaire pour gagner les batailles idéologiques et remettre en cause les principes fondamentaux de la Sécurité sociale.
- A contrario, je ne suis pas certain que la victoire à la Pyrrhus des écolos (et de la gauche) avec l’adoption de sa motion de rejet avec le soutien du RN ne témoigne pas, au final, d’une vraie défaite idéologique.
« A gagner sans péril, ou est vaincu (idéologiquement) sans gloire ».
Rouen-Paris, le 17 décembre 2023
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