(…) sans doute la vraie raison de mon silence est-elle autre. Celui-ci trouve son origine dans le sentiment d’accablement que j’éprouve devant la réduction du débat politique en France à l’affrontement en trompe-l’œil entre les thèses identitaristes de l’extrême-droite et l’idéologie néo-libérale d’une nation réduite au statut de start-up par les macronistes.
En lisant, pour préparer l’Université d’été de Démocratie & Spiritualité et terminer un papier de blogue sur « La(es) crise(s) de la démocratie », je suis tombé un peu par hasard, dans « Malheur à la ville dont le Prince est un enfant », sur cette phrase de Jean-François Bayart écrite sur son blogue entre les deux tours de la présidentielle de 2022, au moment où visiblement, tout comme moi, il se posait la question de voter blanc au deuxième tour (ce que je n’ai finalement pas fait pour ne pas le regretter au cas, improbable à l’époque, où Marine Le Pen aurait été élue).
Deux ans après, cette phrase résonne particulièrement en moi : je vois ma difficulté à commenter l’actualité sur ce blogue, et le syndrome de brouillard mental consécutif au Covid long n’en est pas la seule explication. Les sondages pour les européennes montrent que la lente marée moire du RN continue à monter inexorablement, quoiqu’on fasse ou qu’on dise. Il ne s’agit pas de baisser les bras mais d’accepter ce silence et de prendre le temps de la réflexion de fond avant de voir comment agir.
Paris, Croulebarbe, le 22 mai 2024.
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