Encouragé par les propos de Lionel Jospin, ce matin sur France Inter appelant à ce que, si le Nouveau Front populaire arrive au pouvoir après cette décision aberrante d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale les responsables de la mise en œuvre de son programme le rende réalisable, je poursuis mon travail de soutien à celui-ci en mettant en évidence les conditions de mise en place de ces mesures.
Pour cette notule, je me suis attaché, non pas aux sujets d’équilibre des finances publiques, notamment sociales qui sont un des éléments important de ce travail, mais à un autre sujet tout aussi important et sur lequel l’alliance a jeté le trouble chez ceux qui sont inquiets de l’évolution de La France insoumise et de son Lider maximo, Jean-Luc Mélenchon, sur les questions de la laïcité, de l’antisémitisme et de la lutte contre l’islamisme et dont les lecteurs de ce blogue ou de ma page « Laïcité j’écris ton nom » sur Facebook savent qu’elles me tiennent à cœur ; en prolongeant ce que j’avais écrit dans ma modeste contribution aux mesures d’urgence et de rupture avec le néo-libéralisme pour la laïcité et la lutte contre (tous) les communautarismes et en me réjouissant surtout de ce que ce programme s’inscrivent dans la ligne qui est la mienne depuis quinze ans. Je commente donc ici les éléments du programme qui rejoignent cette thématique.
« Lutter contre toutes les formes de racismes, contre l’antisémitisme et l’islamophobie
Au moment où l’extrême droite menace, nous rappelons que la parole et les actes racistes, antisémites et islamophobes se propagent dans toute la société et connaissent une explosion inquiétante, sans précédent. Aucune tolérance n’est de mise face
à ces menaces et à ces comportements d’où qu’ils viennent. S’attaquer à nos compatriotes pour leur couleur de peau ou leur religion supposée ou réelle, c’est s’attaquer à la République. En voir certains quitter ou vouloir quitter notre pays est un échec collectif. »
- Je ne peux que me réjouir de ce positionnement qui ne fait pas le tri entre les différentes formes de racismes, condamne clairement l’antisémitisme, tout autant que cette islamophobie qui est une extension du racisme anti-arabe, en fait anti-maghrébin, comme l’antisémitisme fut une extension de l’antijudaïsme chrétien. Ce qui se traduit dans les mesures suivantes.
« Nous nous engageons à :
• Donner à la justice les moyens de poursuivre et de sanctionner les auteurs de propos ou actes racistes, islamophobes et antisémites
• Instaurer un Commissariat à l’égalité doté d’un Observatoire des discriminations et de pôles spécialisés au sein des services publics et des cours d’appel
• Adopter et mettre en œuvre un plan de lutte contre les discriminations, notamment à l’embauche, à la santé et au logement, et le renforcement des sanctions. - L’antisémitisme a une histoire tragique dans notre pays qui ne doit pas se répéter. Tous ceux qui propagent la haine des juifs doivent être combattus.
- Nous proposerons un plan interministériel pour analyser, prévenir et lutter contre l’antisémitisme en France, notamment à l’école et contre ses effets sur la vie des populations qui le subissent.
- Une autre haine cible particulièrement les musulmans ou les personnes assimilées à cette religion. Elle découle notamment de l’omniprésence des discours islamophobes dans certains médias, de presse écrite ou audiovisuelle.
Nous proposerons un plan interministériel pour analyser, prévenir et lutter contre l’islamophobie en France, et contre ses effets sur ceux qui la subissent. - Nous assurerons la sécurité des lieux cultuels et culturels (juifs, musulmans, chrétiens) de notre pays en renforçant si nécessaire toutes les mesures de protection policières dont elles bénéficient. »
Tout est là ou presque. Il manque juste une mesure extrêmement importante car il ne s’agit pas uniquement de protéger les juifs et les musulmans, croyants ou non, mais aussi tous ceux qui critiquent les religions et sont accusés à ce titre de blasphème par les fondamentalistes de tous poils et en renforçant, comme je l’ai proposé « la protection du droit de critiquer les religions » et en « pénalisant l’accusation de blasphème ».
Une République laïque
Selon l’article 2 de la Constitution, la laïcité est une des caractéristiques de la République. Il est important de l’afficher au moment où celle-ci est contestée de tous côtés, et trop déconsidérée auprès des plus jeunes qui la considèrent trop souvent comme une somme d’interdits. Trois mesures sont affichées.
« • Engager un vaste plan de formation des fonctionnaires à la laïcité, aux principes juridiques de la loi de 1905, renforcer la pédagogie de la laïcité dans l’Éducation nationale pour accompagner les professeurs.
• Augmenter les moyens de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) et élargir son domaine d’intervention au domaine de la formation professionnelle et de la santé publique.
• Refuser les financements publics pour la construction de nouveaux édifices religieux, dédiés aux activités cultuelles ou d’établissements confessionnel. »
C’est sur ce sujet que le programme mérite d’être complété. Je propose notamment :
- La mise en place placée, sous l’égide du Défenseur des droits, d’une autorité collégiale indépendante chargée d’arbitrer les dilemmes du quotidien en matière d’application des principes de la laïcité.
- Le renforcement des contrôles sur les établissements scolaires privés sous contrat et la mise au point d’une charte de la laïcité qui leur soit applicable, de telle sorte qu’ils respectent les principes fondamentaux de la laïcité.
- Le développement de l’enseignement du fait religieux à l’école conformément au rapport de Régis Debray , y compris dans les établissements à caractère confessionnel.
Défendre les libertés publiques
D’autres dispositions se retrouvent sous ce chapitre : c’est normal, la laïcité est garante d’une liberté essentielle, celle de croire ou de ne pas croire et protège du risque pour toute conviction de vouloir établir son imperium sur les consciences. Elle devrait à ce titre être un des éléments des « États généraux sur les libertés publiques » que prévoit le programme, qui intègre également deux autres propositions que j’avais lancées :
• « Abroger le contrat d’engagement républicain liberticide pour les associations (et)
• Abroger les dispositions liberticides des lois (…) séparatisme etc… »
Pour moi l’abrogation du Contrat d’engagement républicain : il faut le remplacer, comme je l’avais proposé à l’époque, par des Charte de la laïcité élaborée avec les partenaires, à l’image de celle de la Branche famille de la Sécurité sociale, sous la supervision de l’autorité indépendante visée ci-dessus.
Paris, Croulebarbe, le 17 juin 2024
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