Comme le fait social total, cher à Marcel Mauss, il existe des « questions sociales globales », non pas au sens anglo-saxon de mondial, mais au sens où elles illustrent l’ensemble des dimensions du « social ». C’est bien sûr le cas du mal-logement avec ses multiples origines et répercussions, auquel est consacré ce numéro d’Informations sociales.
Le mal-logement : une question sociale globale
Les associations de lutte contre l’exclusion le rappellent régulièrement à l’opinion et
aux pouvoirs publics : le mal-logement est un phénomène massif, aux effets sociaux
particulièrement lourds pour plusieurs millions de personnes. Ses formes sont diverses.
La plus extrême est sans doute la situation des personnes sans domicile, qui ne sont pas
toutes sans abri, mais sont, le plus souvent, accueillies par un proche ou un parent et
dans les structures d’accueil temporaire comme les CHRS ou les hôtels meublés. Mais il
y a toutes les situations où l’état du logement ou le reste à vivre créent des situations de
précarité.
Être mal logé est avant tout l’expérience concrète de difficultés quotidiennes : pour
accéder au logement, s’y maintenir, se chauffer, faire face aux travaux d’entretien ou
de rénovation… Les contraintes se sont accrues sous le double effet de la hausse des
coûts de l’énergie et de la crise sans précédent que connaît la France depuis 2008.
Mais le mal-logement a aussi d’autres conséquences : il contribue notamment à la
dégradation de l’état de santé et constitue un facteur négatif pour l’accès à l’emploi ou le
retour à l’emploi.
Il ne s’agit donc plus simplement de comprendre les causes multiples du mal-logement
(économique, démographique ou urbanistique) ou d’alimenter les débats et controverses
sur la mesure du phénomène. Une action déterminée est nécessaire, mettant à contribution
tous les acteurs publics ou privés. Ce numéro d‘Informations sociales témoigne à la fois des
épreuves multiples que traversent les personnes vivant le mal-logement, de l’ampleur et de
la variété des situations qu’il recouvre, et de l’engagement de nombreux acteurs dans la
lutte en faveur de l’amélioration des conditions de logement ou du droit au logement.
L’expertise et les services proposés par différents partenaires, comme l’Agence nationale
pour l’amélioration de l’habitat, des associations comme les Pact-Arim ou les caisses
d’Allocations familiales se conjuguent à l’action des collectivités locales. Pour faire face
aux besoins croissants de logement que la construction peine à suivre, pour permettre
une rénovation massive des logements insalubres, ou très mal isolés, et répondre ainsi
aux enjeux de la transition énergétique, pour, enfin, garantir les droits et permettre un
soutien économique équitable et efficace par les prestations logement, les chantiers sont
nombreux et considérables. Puisse ce numéro renforcer la mobilisation des acteurs pour
les mener à bien.
https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2014-4-page-3.htm
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