J’ai posté le papier de Thomas Legrand dans Libération « Laïcité en berne pour le pape » ainsi que la tribune « Drapeaux en berne pour le pape François : « Non, la République n’a pas à porter le deuil d’un chef religieux » signée notamment par Jérôme Guedj, sur le groupe « Laïcité, j’écris ton nom » que j’ai créé sur Facebook. Cette publication m’a valu un certain nombre de soutiens, mais a suscité aussi critiques et polémiques, considérant que c’était, en quelque sorte une forme de laïcisme excessif, et arguant sur deux points : d’une part le pape est un chef d’Etat, d’autre par son aura spirituelle va bien au delà du seul cercle des catholiques. Et d’ajouter que ce n’est pas la première fois qu’on le fait pour un pape, comme on pu le faire pour la reine d’Angleterre ou Nelson Mandela. On peut contre argumenter sur ces deux points et la dispute être sans fin.
En fait moins que ces arguments et contre arguments ce qui me fait prendre position contre cette initiative, comme Thomas Legrand, c’est moins qu’elle serait contraire aux principes de laïcité que le fait qu’elle soit inopportune. Loin de moi l’idée de contester que les églises, propriétés publiques pour la plupart, sonnent le glas pour la mort du pape, ni que le chef de l’Etat se rende aux obsèques du « souverain pontife » ou il peut rencontrer d’autres dirigeants. Tout autre est d’associer à ce deuil les symboles de la République au moment où l’on ne cesse d’opposer aux croyants des autres religions, notamment aux musulmans, les principes de la séparation des Eglises et de l’Etat. Le contexte a changé au cours des dernières décennies: en 1980 plus de la moitié des français se déclaraient catholiques ; ils sont une vingtaine de pourcent aujourd’hui et la majorité (56%) de nos concitoyens se déclarent sans religion. Et notre laïcité doit permettre à toutes les convictions de se retrouver à l’aise au sein de la République. La décision du Premier ministre, dont on connait les convictions catholiques (et que de ce fait le scandale des violences sexuelles dans l’Eglise le touche personnellement) était particulièrement malvenue car elle donne le sentiment d’une inégalité de traitement entre les religions : la laïcité c’est aussi cela, l’application du principe d’égalité à toutes les religions et aux croyants qui s’y réfèrent.
Paris, Croulebarbe, le 26 avril 2025
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