Le terme « vulnérabilité » est venu récemment enrichir le vocabulaire des politiques sociales. Il ne s’agit pas d’un effet de mode ni d’un « mot valise ». Alors que les notions de pauvreté ou d’exclusion renvoient aux dimensions économiques ou sociales, la vulnérabilité s’appuie sur une analyse plus complète, intégrant la dimension personnelle et microsociale. Comprendre la vulnérabilité suppose une attention particulière aux capacités, physiques et mentales, et aux ressources mobilisables, qui peuvent être financières mais aussi culturelles ou relationnelles. Ainsi, les proches et la famille constituent souvent un véritable « capital social », surtout si leurs relations sont fondées sur une logique d’entraide.
L’intensité de l’aide des proches est souvent à la mesure des difficultés que peut traverser un individu tout au long de sa vie, notamment dans les situations de perte d’autonomie. Quels que soient l’âge de la personne et la nature de son handicap, l’appui de ses proches est généralement bien plus diversifié que ce que peuvent apporter les services publics ou les prestations du marché. Ce soutien, même s’il n’est pas intégré dans la mesure de la richesse nationale, est ainsi irremplaçable car non substituable (au sens économique du terme).
Mais, telle la contribution des abeilles à la pollinisation, cette externalité est fragile. Elle peut s’étioler au fil du temps voire s’interrompre brutalement du fait de l’épuisement des aidants. il s’agit là d’un enjeu essentiel pour les pouvoirs publics aujourd’hui comme souligne ce numéro d’Informations sociales. Si elle peut être individualisée pour tenir compte de la trajectoire et du projet de vie, comme le trace la loi 2002-2, l’action sociale en faveur des personnes vulnérables peut s’entendre aussi comme un soutien de l’intervention des proches. Intégrée notamment dans la loi Hôpital Patient Santé Territoires (HPST) en 2009, « l’aide aux aidants » est bien au cœur de la nouvelle loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement. celle-ci prévoit plusieurs dispositifs visant à améliorer la « qualité de vie des aidants « , par exemple par un droit au « répit ».
Au-delà des politiques publiques, le concept de vulnérabilité pose aussi des questions sociales et même éthiques. Il conviendra d’interroger le consentement à l’instauration d’une relation d’aide, qui sinon risquerait d’être subie. Fondamentalement, le concept de vulnérabilité nous renvoie à la troisième valeur républicaine, la fraternité.
https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2015-2-page-3.htm
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