Agriculteurs : malaise et/ou mal-être ? Depuis ce premier billet de blogue, le conflit s’est développé et les violences avec ; je reviens sur cette question une semaine après en entendant le ministre de l’agriculture sur « C Politique » : « je vois bien ce qui s’est sédimenté de suradministration, d’injonctions contradictoires et d’incompréhensions » (je cite de mémoire). A quelques détails prés, il reprend le diagnostic que j’avais posé dans le rapport que je lui ai rendu, ainsi qu’à l’ensemble du gouvernement, il y a six mois sur la prévention du mal-être et du risque suicidaire en agriculture.
Je voudrais revenir sur ce diagnostic que j’avais voulu nuancé et qui expliquait le nouveau malaise agricole par trois facteurs psychosociologiques principaux, en plus bien sûr des facteurs socio-économiques :
- un climat d’incertitude croissant, sur les marchés, mais aussi sur les plans sanitaire et climatique ;
- une charge mentale accrue, non seulement en raison des normes réglementaires et des contrôles, mais aussi des évolutions des métiers agricoles ;
- et enfin des injonctions, non pas contradictoires, mais vécues comme telles par les travailleurs de l’agriculture, et que je préfère donc pour ma part qualifier d’injonctions paradoxales.
C’est ce qui m’avait conduit à proposer que le Cese engage une consultation publique, voire une conférence citoyenne, associant des agriculteurs et des non-agriculteurs de façon à renouer les fils du dialogue entre l’agriculture et la société, en essayant de dépasser les débats hystérisés sur ces questions entre les différentes tendances de la Profession agricole et les ONG.
Je regrette que l’exécutif n’ai pas repris cette proposition : résultat, il se trouve désormais acculé à céder à toutes les exigences du syndicalisme majoritaire, sans être sûr de résoudre rapidement la crise, en oubliant au passage une grande partie des exigences écologiques.
Paris, Croulebarbe, le 29 janvier 2024
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