Lever le voile sur l’abaya, et après ? Sur France Inter ce jour, Yaël Goosz a raison de pointer les calculs politiciens d’un macronisme qui n’a jamais été très clair sur la question de la laïcité, oscillant entre une laïcité dite « ouverte », à la Sarkozy, ce qui est probablement son penchant naturel en tous cas à l’égard des catholiques, et une laïcité de combat, mode DBS (Darmanin-Blanquer-Schiappa) mais que l’affaire du fonds Marianne avait quelque peu décrédibilisée. Revenir à cette conception, du moins à l’égard des musulmans, piège la droite et même l’extrême droite, et divise la gauche, entre des LFistes (et quelques écolonaïfs) toujours prompts aux accommodements permettant de capter les voix des territoires labourés par les islamistes (avec ce merveilleux sophisme qui consiste à affirmer que l’abaya n’a pas de signification religieuse, … mais que son interdiction va discriminer les jeunes musulmanes ! … sic !) et les partisans, comme moi, d’un respect exigeant des principes d’une laïcité conçue comme un rempart républicain contre toute dérive et toute emprise religieuses.
La flambée des manquements à l’obligation de laïcité à l’école dont l’abaya est aujourd’hui le nom m’inspire une autre réflexion : le constat de l’inefficacité de la politique impulsée par les Darmanins, Blanquers et Schiappas, avec laquelle renoue, sous l’égide du locataire de l’Elysée, le nouveau ministre de l’Education nationale, trop heureux de se démarquer de celle, jugée trop pusillanime, de son prédécesseur.
En effet, à quoi a servi le soi-disant Comité interministériel créé après la dissolution de l’Observatoire de la laïcité, mais dont on n’a guère entendu parler depuis sa création, et particulièrement silencieux sur cette affaire. Elle redonne une actualité à une idée que nous avions portée avec Démocratie & Spiritualité : celle d’une « autorité indépendante chargée d’arbitrer les dilemmes du quotidien dans l’application des principes de la laïcité ».
Comme pour le contrat d’engagement républicain, inscrit dans le dur de la loi, et aujourd’hui d’ailleurs détourné de son objet initial, je préfère en général dans ces matières les techniques du droit souple ; c’est ce que j’avais fait pour élaborer avec les partenaires la Charte de la laïcité de la Branche famille : cela permet d’éviter l’hystérisation des débats, de s’adapter à l’évolution des contextes, et de faire la pédagogie de notions complexes comme celle de « laïcité ».
Sur le chemin de Conques à Decazeville, le 29 août 2023
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