Dans son numéro du 14 février, Témoignage Chrétien a repris sous ce titre, mais dans une version plus courte, le déjà rapide compte-rendu que j’avais fait ici du Colloque des 25 ans de Démocratie et spiritualité.
Addendum : ce texte a également été repris dans le numéro de « La lettre de Démocratie et Spiritualité » consacré au colloque des 25 ans.
Créée en 1993 par Jean-Baptiste de Foucauld, D&S a célébré ses 25 ans les 2 et 3 février lors d’un colloque. Discrètement prophétique au moment où certains voyaient dans la chute du mur le signe de la fin de l’histoire, D&S appelait à « une résistance individuelle et collective aux automatismes induits par la pression croissante de la concurrence, de l’argent, de la corruption, des conflits de pouvoir et de la technique considérée comme une fin en soi ».
Non seulement l’histoire ne s’est pas achevée, mais ce qu’on pourrait considérer comme l’échec de cette « résistance spirituelle » sur les différents champs de bataille annoncés a contribué à en renforcer la dimension tragique. Et ce d’autant plus que d’autres défis se sont fait jour, plus inquiétants encore : l’accroissement des conflits, l’épuisement moral de la démocratie, les replis nationalistes et populistes, l’omniprésence d’Internet, et surtout la « préservation de l’habitabilité de la planète ». La conjonction de ces défis nous amène à « faire face à une crise d’un genre nouveau ».
À cette occasion, la question environnementale a été au cœur des débats, avec une contribution essentielle de Dominique Bourg, philosophe, sur la dimension nécessairement spirituelle de la réponse, dans la mesure où celle-ci interroge à la fois notre rapport à la nature et notre façon de nous réaliser, et donc nos libertés, en soulignant que nous avons privilégié celle de produire et de consommer à toutes les autres.
Spiritualité nécessaire pour retrouver aussi la source de l’engagement personnel comme le souffle prophétique de l’utopie mobilisatrice ; spiritualité s’incarnant dans des spiritualités au pluriel, un nuancier de spiritualités s’enracinant dans les religions ou non, spiritualités soutenues par la croyance en la transcendance, ou spiritualités agnostiques ou athées ; D&S souhaite réunir « les chercheurs de sens, soucieux d’agir dans la société » : être plus encore un laboratoire d’idées, en lien avec les chercheurs, ouvrir un espace de partage, de compagnonnage et de ressourcement, devenir une ONG, être un lieu de discernement éthique pour tous ceux qui veulent concilier engagement dans la cité et référence spirituelle.
Entre ces projets, le colloque n’a pas tranché, mais il est clair que la question du « discernement » était la préoccupation principale. Il a d’ailleurs été beaucoup question de laïcité au cours de ces deux jours, non comme forme de spiritualité – la laïcité, comme l’a rappelé Jean-Louis Bianco, n’est pas une opinion mais un régime juridique –, mais comme moyen de trouver la bonne distance entre l’inspiration spirituelle et l’aspiration démocratique, distance sans laquelle il n’y a pas de dialogue possible, et comme chance pour les spiritualités de dialoguer entre elles et s’enrichir les unes les autres.
Paris, le 14 février 2019
Laisser un commentaire