Sous le titre « Enfin, Ruffin vint ! » la lettre hebdomadaire de Témoignage Chrétien du 19 octobre a publié cette tribune qui s’inspire largement du billet publié ici sous le même titre.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », disait Camus. Rien n’était vraiment faux dans les déclarations de Jean-Luc Mélenchon et de ses épigones qui ont suivi les attaques du Hamas contre des civils israéliens et la prise en otage de près de deux cents d’entre eux. Rien n’était vraiment faux, mais refuser de qualifier de terrorisme ce type d’action et l’analyser comme un acte de réponse militaire à la politique d’Israël était ignominieux ; donnant, sous prétexte de contextualisation, du crédit à l’aphorisme obscurantiste de Manuel Valls selon lequel « expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser ».
François Ruffin, en disant clairement que la « parole [de LFI] [n’était] pas à la hauteur de la gravité des événements » et en qualifiant clairement de terroristes les attaques barbares du Hamas, a sauvé l’honneur de cette partie de la gauche, sans pour autant s’exonérer ni de critiquer la politique israélienne, ni d’alerter sur les risques des représailles. Avec à la clef une belle leçon camusienne au lider maximo de la France insoumise : « On doit mettre des mots forts sur des actes horribles, sinon notre parole est discréditée, moquée, enlisée dans des justifications byzantines. »
De même en appelant « la nation [à] faire bloc » après les attentats d’Arras et l’assassinat de Dominique Bernard près de trois ans après la décapitation du professeur d’histoire Samuel Paty, il a dénoncé explicitement « le terrorisme islamiste », quand Mélenchon se limitait, en exprimant ses condoléances vis-à-vis des victimes, à dire son « effroi et [son] dégoût » face à cette nouvelle « attaque meurtrière contre des professeurs ».
Le mélange d’un calcul électoral douteux sur le vote des banlieues et d’une complaisance naïve vis-à-vis des dérives radicales de l’islam au motif qu’il serait « la religion des prolétaires les plus opprimés » – pour reprendre les termes du NPA – conduit une partie de la gauche à ne pas dénoncer comme elle le devrait les diverses formes d’un islamisme fondamentalement antirépublicain et, sous prétexte de solidarité avec les Palestiniens, profondément antisémite. Pourtant, le désigner comme ennemi n’attaque pas plus les musulmans que Gambetta n’attaquait les catholiques quand il proclamait : « Le cléricalisme voilà l’ennemi. »
Paris, le 19 octobre 2023
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