Je participais hier, 15 novembre, au débat organisé à Dijon dans le cadre des trente ans de Démocratie & Spiritualité sur le thèmes « Armes nucléaires et quête de sens ». L’occasion de revenir à la fois sur la question de l’usage de la violence dans le règlement des conflits et sur la légitimité de la violence nucléaire, y compris de façon dissuasive. Il est difficile de régler de façon définitive ces deux dilemmes éthiques et c’est la vocation de Démocratie & Spiritualité de permettre un exercice de discernement personnel et collectif. Je veux revenir ici sur les trois points que j’ai souligné dans ma conclusion.
- La question de l’arme nucléaire a cédé le pas devant la question environnementale dans les angoisses générationnelles. Et ce malgré le retour au risque de guerre atomique que ce soit avec les menaces de Wladimir Poutine d’y recourir en Ukraine ou les risques d’emballement en Israël-Palestine. Si l’éco-anxiété s’est substituée à la nucléo-anxiété de ma génération, dans les deux cas il s’agit d’une menace (et pas un risque) existentiel pour l’humanité (et non pour la planète, qui dans les deux cas ne disparaitra pas).
- Elle est révélatrice, comme d’ailleurs la crise environnementale, de la folie de l’hubris humaine, ce besoin de puissance qui conduit à la démesure. Au risque d’une punition, la némésis, non pas venue du divin, mais des hommes lui-même. Apprivoiser cette volonté d’hubris donne tout son sens à la démarche de Démocratie & Spiritualité, car ni l’une ni l’autre ne peuvent, seule, maîtriser ce démon intérieur des humains, mais c’est la double tension qui peut nous permettre d’éviter l’emballement.
- Cela nécessite de sortir de l’éthique politique machiavélique, aujourd’hui dominante, où la fin (la paix, ou plus exactement la non-guerre) justifie les moyens (la menace, supposée dissuasive, du recours à la bombe), pour le recours à une réelle éthique de responsabilité en dialogue avec l’éthique de conviction. L’occasion de rappeler aussi un autre chantier de Démocratie & Spiritualité : l’éthique dans la conduite des politiques publiques.
Dans le train de Dijon à Paris, le 16 novembre 2023
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