« L’éthique est la recherche de la vie bonne, avec et pour autrui, dans des institutions justes. »
Même si son résultat a probablement soulagé, à défaut de satisfaire, la plupart d’entre nous, la dernière présidentielle nous a laissé un gout amer. On voit à quel point elle a été révélatrice de cette forme d’épuisement qui affecte tout autant nos institutions républicaines, que le fonctionnement intime de notre démocratie.
L’analyse de cette crise, qui est un des fils rouges des contributions à cette lettre (dans celle-ci en rendant compte de la conviviale interne que nous avons organisée dans l’entre deux tours), dépasse largement le cadre limité de cet édito.
Mais ce qui frappe, c’est que les préoccupations éthiques, et osons le dire, spirituelles, n’ont guère trouvé de place dans le débat électoral. Y compris quand celles-ci ont été évoquées sur le terrain des religions, où elles sont, au mieux, instrumentalisées à des fins électoralistes, au pire et dans une vision maurassienne, comme un élément de stabilité de l’ordre social.
Nous n’avons d’ailleurs obtenu aucune réponse à l’appel à un sursaut spirituel et démocratique que nous avons adressé à tous les candidats retenus pour concourir à la présidentielle. Est-ce à dire qu’en lançant cette bouteille à la mer, nous avons joué les prophètes dans le désert ?
Peut-être ; mais il reste de notre responsabilité de porter cette exigence éthique et spirituelle au cœur de la démocratie. Nous ne pouvons nous satisfaire d’une éthique de la politique qui, en détournant de son sens l’éthique de la responsabilité, ne serait qu’une sorte d’inversion machiavélienne de l’aphorisme clausevitzien : « La politique est la continuation de la guerre avec d’autres moyens ». La guerre en Ukraine illustre, s’il en était besoin, la réversibilité mortifère de l’adage.
Paris Croulebarbe, le 5 mai 2022
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