On a l’habitude de qualifier La France Insoumise de mouvement gazeux. De fait, LFI n’est pas un parti, mais une association de fait, sans statut, sans personnalité morale et à laquelle il n’est pas besoin d’adhérer ni de payer une cotisation pour en être membre. Mais derrière ce « mouvement réseau » qui se présente comme « ouvert, populaire, humaniste et inclusif », avec ses « groupes d’action » locaux, la « coordination » de ses dix « espaces », un « conseil politique » qui permet d’« échanger (sic) sur les orientations stratégiques et les campagnes du mouvement », et « les Conventions et Assemblées représentatives » qui « permettent la construction collective de la France insoumise », il y a un vrai parti politique, créé sous la forme d’une association loi de 1901 le 23 janvier 2017, l’association de financement de la France insoumise, qui reçoit les « contributions volontaires », des dons donc, ainsi que les subventions publiques. Un micro-parti dont on ne connaît pas le nombre d’adhérents mais qui semblent ne pas être très supérieur au nombre des doigts d’une main, avec un bureau de trois membres, longtemps présidé par Jean-Luc Mélenchon, maintenant Manuel Bompard, avec Mathilde Panot comme secrétaire et un certain Maxime Charpentier, qui en est le trésorier.
Plus forte qu’une avant-garde éclairée léniniste, c’est cette petite holding politique qui détient l’argent, et donc le pouvoir. Cela permet de mieux comprendre pourquoi une opposition interne peut difficilement s’exprimer au risque, comme cela s’est vu récemment pour cinq députés LFI sortants, de ne pas pouvoir bénéficier du soutien financier du parti en n’étant pas investi par lui.
Le plus inquiétant c’est la conception de la démocratie qui est sous-jacente.
Le plus inquiétant c’est la conception de la démocratie qui est sous-jacente pour quelqu’un qui se fait pourtant le chantre d’une sixième République, visant à « rendre le pouvoir au peuple », en dénonçant chez Emmanuel Macron « la pratique du pouvoir la plus solitaire depuis des décennies ». Gageons, au moment, comme c’est mon cas, de voter pour le Nouveau Front Populaire, que celle de Jean-Luc Mélenchon ne le serait pas moins, si, par malheur, c’est lui qui devenait Premier ministre, ou pire encore, président de la République.
Paris, Croulebarbe, le 22 juin 2024
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