Daniel Cohen est décédé le 20 août à l’âge de soixante-dix ans. Je n’ai pas eu la chance de le rencontrer, mais la lecture des écrits de cet économiste, hétérodoxe sans l’être, a été une source d’inspiration.
Deux caractéristiques de sa pensée sont particulièrement importantes pour moi :
- d’une part le souci, dans le prolongement de Karl Polanyi, actuellement à l’honneur sur France Culture, de réencastrer l’économie dans l’ensemble de la société
- d’autre part la dimension humaniste de sa réflexion, à l’inverse d’une conception froide (voire lugubre) de l’économie, renouant avec l’inspiration de « l’économie humaine » de François Perroux.
J’ai sélectionné dans ma collection de citations sur Babelio quelques extraits de ses ouvrages qui illustrent ces deux aspects.
- Sur la richesse (le PIB) et la croissance
- Sur la « révolution numérique » :
Quoi qu’il en soit, la révolution numérique est en marche. Elle prend sa place dans la longue file des innovations radicales qui ont bouleversé la manière de penser des humains. À l’origine, l’invention de l’écriture avait marqué d’un sceau irrémédiable la rupture entre la « pensée sauvage », comme l’appelle Lévi-Strauss, et les sociétés où l’Histoire, comme processus cumulatif, se met en place grâce à l’écrit. À l’orée du monde moderne, l’imprimerie avait elle aussi provoqué une véritable révolution intellectuelle, favorisant la liberté de penser et contribuant à l’essor de la Réforme.
On pensait que l’intelligence artificielle tiendrait sa place dans cette glorieuse lignée, qu’elle nous aiderait à mieux penser individuellement et collectivement, qu’elle multiplierait les expériences collaboratives telle que Wikipédia. Il semble hélas possible d’affirmer que cette promesse ne sera pas tenue. La transformation en cours fait naître un individu marqué par la crédulité et l’absence d’esprit critique. On attendait Gutenberg mais c’est une télévision 2.0 qui est en train de s’imposer.
- Sur la consommation :
» Plusieurs aspects de cette révolution du Big Data en cours s’inscrivent en fait dans les tendances antérieures. Elle prolonge à sa manière la société de consommation traditionnelle en prônant l’avènement d’une société du sur-mesure au plus près des désirs des consommateurs mais au terme de laquelle il s’agit toujours d’acheter du dentifrice ou des voitures.
- Sur la crise écologique
- Sur la science sociale
- Et pour conclure :
« Le problème est que la « crise » est devenu une manière ordinaire de fonctionnement du système. »
Paris, Croulebarbe, le 22 août 2023
Post-scriptum
En complément le papier excellent et émouvant de Christian Chavagneux dans Alteréco
Les idées larges de Daniel Cohen | Alternatives Economiques (alternatives-economiques.fr)
Dans le train de Paris à Cahors, le 24 août 2023
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