Après les EHPAD, le baby blues des crèches au « Téléphone sonne » sur France Inter. Avec la sortie de deux livres sur le sujet, Babyzness et Le prix du berceau, le débat rebondi sur la question de la qualité de la prise en charge des enfants dans les crèches, après un premier rapport de l’Igas en mars 2023 : « Qualité de l’accueil et prévention de la maltraitance dans les crèches ».
Même si les problèmes de maltraitance soulevés tant pour les bébés que pour les personnes âgées dépendantes peuvent aussi concerner des institutions publiques ou non lucratives, on ne peut qu’être frappé par la prévalence particulière de ces problèmes dans des groupes privés lucratifs considérés jusqu’il y a peu comme des success story à la française, montrant la voie au secteur social de l’efficacité économique et gestionnaire.
De toutes façons il n’y a pas de secret en économie : la loi d’airain c’est l’équilibre des comptes ; mais alors que les structures publiques ou associatives ont la seule obligation d’équilibrer leurs charges (y compris le financement des investissements) avec leurs produits, dans des conditions de rémunération qui sont parfois contestables, les structures privées lucratives doivent en plus rémunérer les capitaux investis par leurs actionnaires (et souvent avec des taux de rentabilité à deux chiffres). Quelle que soit les qualités de leurs gestionnaires et sauf à considérer que le public et le non lucratif sont marqué par la gabegie, ce qui n’est à l’évidence pas le cas, la seule efficacité de gestion ne peut produire de tels niveaux de rentabilité ; pour cela il faut faire du « cost killing », c’est à dire comprimer au maximum les coûts, et souvent passer de la rationalisation au rationnement.
Rien d’étonnant : cela s’appelle le capitalisme. Peut-être certains secteurs devraient ils être soustrait de cette exigence de rentabilité financière, et être réservés à des logiques d’économie sociale et solidaire.
Dans le train qui me ramène de Cahors, le 7 août 2023
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