Bref !, Sur le fil

Sauver l’IMM

Maternité de l'Institut Mutualiste Montsouris - Kopines

J’ai appris la semaine dernière que L’Institut mutualiste Montsouris avait demandé son redressement judiciaire. Je dois dire que cette nouvelle m’a profondément touché. Je suis attaché à l’IMM pour deux types de raisons :

  • d’une part j’ai été directement impliqué dans le projet quand je dirigeais la Mutualité Fonction Publique (entre 1994 et 199è) présidée à l’époque par Maurice Duranton, et dont tout le monde semble avoir oublié que c’est lui au premier chef qui avait permis au projet d’arriver à son terme ;
  • d’autre part pour des raisons personnelles : je suis suivi par les soignants de l’IMM depuis cette époque et l’établissement détient sur moi un dossier médical presque complet, tel que je le rêvais quand j’avais lancé ce projet à la Cnam, et ma fille Aurélie y a été opérée avec succès, à l’adolescence, des conséquences de l’accident dont elle avait réchappée à l’âge de trois ans et c’est là qu’elle a accouché il y a presqu’un an de mon petit fils Camille.

C’est pourquoi j’ai signé la pétition  « SAUVER L’INSTITUT MUTUALISTE MONTSOURIS » sur Change.org et que je réponds positivement, même si c’est avec retard, à la sollicitation de Nora Ansell-Salles qui a commencé à constituer un dossier sur son blogue MINE D’INFOS avec l’IMM dans la tourmente les premières réactions…, après l’interview du député Rodrigo Arenas Le député Rodrigo Arenas lance une pétition pour SAUVER L’INSTITUT MUTUALISTE MONTSOURIS.

Je voudrais revenir sur les difficultés que rencontre ce fleuron de l’économie sociale et solidaire hospitalière, ce qu’on appelle technocratiquement depuis la loi « Hôpital Patient Santé Territoire », les Espic (pour Etablissements de santé privé d’intérêt collectif).

Bien sûr, la cause principale de cette situation est d’ordre macroéconomique : comme je l’ai déjà écrit à de nombreuses reprises le taux d’évolution de l’Ondam depuis 2008 ne permet pas de couvrir l’évolution des coûts de la santé, notamment à l’hôpital. C’est ce que révèle l’intervention récente du directeur général de l’APHP, Nicolas Revelavouant un déficit de l’ordre d’un demi milliard d’Euros. Mais les Espic comme l’IMM ne bénéficient pas d’une forme de « garantie de l’Etat » comme les hôpitaux publics.

C’est ce qui m’amène à une forme de regret : en 2006-2007, j’avais porté au sein de la Mutualité Française dont j’étais le directeur général un projet de Fonds d’investissement hospitalier mutualiste qui aurait dû être le support financier du Groupe hospitalier de la Mutualité française, créé fin 2006. Ce Fonds, à qui aurait été transférée la propriété du foncier et de l’immobilier, avait vocation à jouer le même rôle que les fonds, en général étrangers, qui ont investi dans l’hospitalisation privée lucrative ou dans les Ehpad (ou les crèches), mais en respectant les valeurs de l’économie sociale, et notamment en demandant des taux de rendement des capitaux très inférieurs à ceux à deux chiffres réclamés (avec les conséquences que l’on sait) par ces opérateurs, avec un engagement dans la durée. Ce projet s’est heurté à l’opposition conjuguée des directeurs financiers des mutuelles fascinés (c’était avant la crise financière de 2007-2008) par les taux de rendements permis par les marchés financiers, et des directeurs d’établissements réticents à l’idée que ce fonds se dote d’un outil de surveillance de la gestion des établissements pour éviter l’accumulation de déficits trop importants.

Il est probablement trop tard pour relancer ce projet pour sauver l’IMM (encore que). Mais ma conviction reste forte que si l’on veut que l’économie sociale et solidaire, notamment sa branche mutualiste, investisse dans les établissements sanitaires et sociaux, ce qui est une nécessité si l’on veut éviter les effets délétère de la financiarisation de ce secteur, elle doit se doter d’outils financiers permettant de porter les investissements considérables qui seront de plus en plus nécessaires dans ce domaine.

Paris, Croulebarbe, le 3 février 2025.

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