En écrivant « Affaire du Lycée Averroès : islamophobie ou rupture d’égalité ? », je ne pensait pas être aussi rapidement rattrapé par l’actualité. Rattrapé, que dis-je ? Dépassé, car le collège Stanislas [1], Stan pour les intimes, n’est pas un établissement d’obédience traditionnaliste mais est bien intégré dans l’enseignement catholique sous contrat. Il est d’ailleurs dirigé par l’ancien directeur diocésain de l’enseignement catholique à Paris, Frédéric Gautier, et a été nommé à ce poste par le Cardinal André Vingt-Trois quand il était archevêque.
Or si j’ai bien compris les dérives mises en évidences par le rapport de l’Inspection générale de l’éducation du sport et de la recherche (IGESR) révélé par Médiapart ne sont pas très différentes de celles que l’on reproche au Lycée Averroès. Je comprends des commentaires de l’administration que le ministère s’est limité à demander à l’établissement un plan d’action reposant sur les « préconisations » du rapport ; ce que je ne conteste pas (c’est une décision lourde que de déconventionner un établissement) même si j’aurais infiniment préféré qu’on parle d’injonctions, ayant donc un caractère impératif, sous menace de déconventionnement. Mais que n’a-t-on fait de même pour le Lycée musulman de Lille qui après tout s’est donné comme vocation de former les élites musulmanes de notre pays, comme le collège parisien les élites catholiques ? Sauf à vouloir refuser aux musulmans ce qu’on accepte pour les catholiques. En oubliant que la laïcité est aussi une application aux religions du deuxième principe de la République, l’égalité.
Paris, Croulebarbe, le 17 janvier 2023
[1] Dénommé ainsi par Louis XVIII en hommage à Stanislas Leszczynski, son arrière-grand-père, comme d’ailleurs aussi celui de Louis XVI et Charles IX ; bref on appréciera les références républicaines d’une institution qui a quand même accueilli Charles de Gaulle et Jean-Michel Blanquer.
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