Santé, travail et solidarités: les syndicats perplexes face au « superministère » de Catherine Vautrin. Beaucoup critiquent -y compris nombre d’amis miens- la nomination d’une seule ministre pour couvrir les champs « travail et emploi », « santé » et « solidarités » ; craignant que les sujets urgents dans chacun des domaines ne soient pas suffisamment suivis. Ce n’est pas mon cas : j’ai toujours eu une préférence pour un grand ministère social qui permette à la fois d’avoir une vision d’ensemble des politiques sociales, et d’équilibrer le poids excessifs de Bercy dans le dispositif gouvernemental. A condition bien sûr que le titulaire ait une vision d’ensemble du social, comme ont pu l’avoir en leur temps, et avec des sensibilités différentes, Xavier Bertrand, Martine Aubry, Pierre Bérégovoy ou Jean-Marcel Jeanneney. Et dans le contexte d’aujourd’hui de développer ce qui était le projet initial du macronisme, un Etat-providence du 21ème siècle. Hélas ce projet a été abandonné, et même détourné, depuis belle lurette, et de toutes façons, on voit mal la nouvelle titulaire du poste renouveler la pensée du social.
De même je ne suis pas a priori choqué que la question de l’énergie soit rattachée à un grand ministère de l’économie, dans la mesure ou la question des flux énergétiques est une autre façon, non monétaire, d’appréhender le circuit économique comme le suggère Jean-Marc Jancovici avec le Shift project. Mais cela supposerait qu’on modifie les indicateurs de la richesse et de la croissance, et donc qu’on s’attaque réellement à la question du calcul PIB, comme avait de façon velléitaire envisagé de le faire Nicolas Sarkozy avec le rapport Stiglitz. Mais il est peu probable que celui qui a rejeté sans débat le rapport Pisani-Mahfouz qui pourtant n’ouvrait même pas cette question s’engage dans cette voie.
Dans les deux cas gageons que ces opportunités seront à nouveau des occasions perdues.
Paris, Croulebarbe, le 15 janvier 2024
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