« Europe, nature des luttes, écologie, voilà les trois axes autour desquels la gauche est en train de se chercher une nouvelle identité », telle est la conclusion du billet de Thomas Legrand sur France Inter ce matin, commentant un papier de Gaétan Gorse dans le Huffington post : « Nous ne quittons pas le PS, cest le socialisme qui l’a quitté depuis longtemps ».
Préparant un papier pour Témoignage Chrétien sur le sujet, je me suis laissé interpelé par ses trois questions matutinales.
L’Europe, d’abord, totalement absente du débat national, sauf bien sûr pour la critiquer. Comment réenchanter le projet européen, sur les enjeux d’aujourd’hui, alors que la guerre en Europe est trop lointaine dans les mémoires pour que le projet de réconciliation y suffise. Les terrains sont connus : le social (on ne parle plus d’Europe sociale), le numérique (qui a vanté les vertus du RGPD ?), la lutte contre le terrorisme (pourquoi la France reste-t-elle désespérément seule au Mali ?), l’impératif humanitaire (comment expliquerons nous que cette Europe ait laissé tant de personnes se noyer en Méditerranée ?). J’en passe et des meilleurs. Seul l’attachement rentier à cette monnaie forte qu’est l’Euro manifeste l’attachement inconscient des peuples à l’idée européenne, comme l’a appris à ses dépens Marine Le Pen ; mais pour combien de temps encore alors que cette même monnaie ne nous permet même pas de résister aux sanctions américaines contre l’Iran ?
L’avenir de la planète, surement le sujet principal pour l’Union européenne, et pour un nouveau projet socialiste, qui ne soit pas le projet productiviste qu’il a globalement toujours été. Mais là aussi plus de questions que de réponses, et notamment comment traduire dans des politiques publiques qui sont toutes arrimées à une certaine idée de la croissance, l’idée qu’il faut changer de conception de la croissance ?
Nature des luttes, enfin : comment les combats nécessaires pour une société plus humaine peuvent ils déboucher sur un nouveau projet socialiste, alors qu’on voit bien que le débouché politique principal aujourd’hui, c’est le populisme, de gauche, et surtout de droite ? Après le feu de paille de la marche pour la planète qui a suivi la démission de Nicolas Hulot, deux tiers des français approuve le mouvement poujadiste du 17 novembre, pour ne parler que de la France.
Tout cela peut paraître bien pessimiste, mais comme Gramsci, « je suis pessimiste par l’intelligence mais optimiste par la volonté », et pour reprendre une autre citation que je vais m’attribuer, « il n’y a que les combats qu’on ne mène pas qu’on est sur de perdre ». Le socialisme reste une idée neuve en Europe.
Paris, le 2 novembre 2018
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