Pendant quatre ans j’ai assuré la direction de publication de la revue de la Branche famille, « Informations sociales« . Motif de fierté, compte tenu de la qualité de cette revue, animée par Jérome Minonzio. J’ai souhaité publier ici les éditos que j’ai rédigés, au cours de cette période, souvent avec son appui, avec un lien vers le numéro concerné.
« Migrations et protection sociale » : le sujet n »est pas nouveau, mais il reste d’une grande actualité, compte tenu des débats en cours sur la politique migratoire.
Un devoir de solidarité et de vérité
Les événements récents touchant les réfugiés atteignant l’Europe et la France ont interpellé les institutions sociales comme l’ensemble des citoyens. Mais ces événements ont aussi relancé les débats sur les rapports entre protection sociale et flux migratoires. Comprendre les enjeux du phénomène migratoire pour la protection sociale est essentiel pour dépasser des discours simplistes qui, trop souvent, réduisent les migrations à leur coût financier supposé, et contribuant ainsi à la stigmatisation des populations d’origine immigrée.
Entre autres lieux communs, la protection sociale est souvent présentée comme favorisant la décision migratoire. Si l’on peut difficilement nier que l’accès à des services sociaux, notamment de santé, est un facteur d’attractivité pour les salariés qui s’expatrient, la transposition de ce raisonnement aux migrants est très contestable. En effet, quand leur motivation est économique, le choix du pays de destination est d’abord guidé par le niveau d’activité de celui-ci. Et bien souvent, c’est l’existence d’une diaspora en mesure d’aider les nouveaux arrivants qui est déterminante. Mais les motifs de l’immigration sont souvent d’un autre ordre comme c’est le cas pour les réfugiés et les demandeurs d’asile.
Face au dénuement des demandeurs d’asile, la Convention européenne des droits de l’Homme nous impose de leur porter assistance et de respecter leur dignité. Cela suppose de les mettre à l’abri, les soigner, les nourrir et leur permettre de s’intégrer, s’ils obtiennent l’asile.
La question migratoire suscite une autre rhétorique circonscrite, elle, aux ressortissants de l’Union européenne. La réciprocité de l’égal accès aux politiques sociales dans tous les pays de l’UE découle d’une des principes cardinaux de l’intégration européenne : la libre circulation des travailleurs. Aujourd’hui, la contestation de ce principe fondamental de l’UE est alimentée par la crainte du dumping social, amplifiée par les règles en matière de protection sociale de la directive européenne sur le travail détaché et leur contournement délictuel.
Face aux raccourcis et aux amalgames de toutes sortes, les institutions de protection sociale ont un double devoir : un devoir de solidarité d’abord puisque telle est leur mission première, mais aussi un devoir de vérité et de pédagogie. Ce numéro de la revue Informations sociales s’inscrit dans cette démarche en montrant la complexité des dynamiques migratoires aujourd’hui et en objectivant leur impact sur la transformation de la protection sociale.
https://www.cairn.info/revue-informations-sociales.htm
Laisser un commentaire