La crise du Covid a été un puissant révélateur des carences de notre système de santé dans la prise en charge des questions liées au vieillissement de la population, que ce soit l’accompagnement des personnes en situation de dépendance, ou de celles qui s’approchent de la mort, une période qui ne concerne pas que les personnes vieillissantes et qui, du fait de l’amélioration des techniques médicales, peut durer de plus en plus longtemps.
Face à cela, l’exécutif vient, coup sur coup, d’annoncer un plan de développement des soins palliatifs (par la voix du ministre de la santé au congrès de la Société française des soins palliatifs) et un plan « grand âge et dépendance » (par la voix du Premier ministre lors d’un déplacement à Autun).
C’est mieux que rien, bien sûr, mais soyons clair, ce n’est pas à la mesure des ambitions que l’on devrait mettre sur ces deux sujets de société.
Le plan dépendance est une façon d’acter de l’abandon du projet de loi « Grand âge et autonomie » ; dégager 400 millions € par an pendant trois ans sur l’Ondam pour augmenter le montant plancher de l’heure d’aide à domicile et augmenter de 10 000 d’ici cinq ans les agents dans les Ehpad, c’est bien ; mais on est loin des ambitions et des 6,9 milliards supplémentaires prévus en 2025 (et près de 10 milliards en 2030) par le rapport de Dominique Libault. A vrai dire, après le projet porté par Roselyne Bachelot sous Sarkozy et celui de Michèle Delaunay sous Hollande, ce n’est jamais que la troisième fois qu’on abandonne en rase campagne le chantier de la dépendance des personnes âgées.
Salué par la presse catho (La Vie et la Croix), parce que le développement des soins palliatifs lui apparaît comme une alternative au « droit à mourir dans la dignité », le plan « soins palliatifs » n’est lui même que le cinquième du nom, et dans la prolongation de ses prédécesseurs. Pas de rupture donc, même pas une accélération : il s’agit surtout de couvrir d’une Unité de soins palliatifs les 26 départements qui en sont encore dépourvus après les quatre premiers plans ; pas étonnant que seuls un tiers de ceux qui en auraient besoin aient accés à des soins palliatifs ; mais on est loin d’une unité par établissement hospitalier, et du développement des services de soins palliatifs en ambulatoire pour ceux qui meurent à domicile, sans parler de ceux et surtout celles qui meurent en Ehpad ; ce qui serait nécessaire pour assurer une couverture totale, et donc un droit réel aux soins palliatifs, qu’il ne faut d’ailleurs pas opposer au droit à mourir dans la dignité, car il en est une des modalités.
Pourquoi ces réponses sans ambitions : la cause réside dans un acronyme technocratique, l’Ondam, ou plus exactement dans son taux d’augmentation, qui ne permet pas les marges de manœuvres permettant de financer des réponses pourtant nécessaires. Dominique Libault avait trouvé la martingale, en transformant la CRDS chargée de rembourser une dette sociale qui devait s’éteindre en 2025, en prélèvement destinée à financer la dépendance. Las la dette sociale Covid a été transférée, en catimini, sur la Cades en avril 2020 et son extinction reportée aux calendes. Comme les ambitions pour mieux vieillir et mieux mourir ?
Paris, Palis d’Iéna, le 24 septembre 2021.
Laisser un commentaire